Au XVIIe siècle, les anglais nommèrent le rhum kil-devil en français «tue-diable». Une boisson terrifiante, donc, au degré d’alcool non maitrisé, épaisse et trouble, à laquelle seuls les esclaves, les pauvres et les marins osent toucher. En créole, kill-devil devient guildive.

Peu après, intervient le terme tafia, donné par les esclaves sans doute d’origine africaine, mais que l’on faisait jadis coïncider à une formule de politesse amérindienne. Le terme Rum s’impose dans les îles anglaises au XVIIIe siècle. Les linguistes s’interrogent sur son origine. Il pourrait s’agir d’une abréviation de saccharum, nom savant de la canne à sucre en latin. Ou plus divertissant mais non moins vraisemblable, d’une abréviation de l’anglais Rumbullion, proche du verbe to rumble, «gronder» une appellation guère plus positive que kill-devil !

Les Espagnols transformèrent Rum en Ron et les Français en Rhum. Pourquoi ajouter ce «h» intermédiaire, si peu courant dans la langue française ? Mystère. On peut néanmoins soupçonner qu’il s’agissait de se démarquer du rival héréditaire, l’Angleterre.

Vous aimerez aussi cette article.

Rhum & Prohibition

La période de Prohibition aux États-Unis (1920-1933) est souvent associée à l’interdiction de l’alcool, l’essor des speakeasies et la montée des gangsters comme Al Capone. Derrière ce chapitre tumultueux de l’histoire américaine se cache un acteur inattendu : le Rhum.